– Trouvères : comme on le sait, le trouvère est le troubadour en langue d’oïl. Ce que l’on sait moins, c’est d’où leur vient ce nom. Certains prétendent du haut de leur chaire que c’est parce que leur métier consistait à trouver des vers. Cela est absurde : dirait-on que le troubadour devait trouber (ni même trouver) des dours ? Tout cela est ridicule. C’est que l’origine de ce mot est peu glorieuse et que la connaître abaisse l’image de ces poètes. En disant la vérité je m’expose aux foudres de l’Association Conservatrice des Troubadours et Trouvères d’oïl et oc réunis, mais certaines choses doivent être éclaircies.
Le troubadour était un poète itinérant, qui allait de château en château chanter au chaland cherchant sans chichis de quoi vivre chichement. Son répertoire était grand et il devait tout connaître par cœur, quoiqu’il disposait d’une certaine liberté : il devait suivre la trame de son histoire à raconter, tout en pouvant improviser certains vers (d’où l’étymologie douteuse). Seulement, avec toute cette émotion face à une cour importante et influente, il lui arrivait d’oublier certains passages, ce qui donnait un poème avec un trou dans ses vers – ce qui était parfois fâcheux. Les trouvères ont disparu pour deux raisons principales : beaucoup sont tombés dans des trous (guet-apens de collègues jaloux) qui contenaient bien des vers, mais pas ceux attendus ; surtout, à force de trous, ils n’avaient plus de poème à déclamer et durent se reconvertir. Il existe encore aujourd’hui quelques chanteurs à textes creux, mais c’est une autre histoire.
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